Marseille, douce piqûre de sel.
Jeudi soir, je monte dans le TGV.
Je n’avais pas eu de nouvelles.
Juste un “à bientôt” flou, flottant. Pas de numéro, pas de DM.
Mais dans le train, en fixant le paysage qui défilait trop vite, je repensais à son “on va prendre un verre ?” dit comme si c’était une évidence.
Une soirée suspendue, sans promesse, sans lendemain.
Et pourtant, chaque femme croisée depuis portait un peu de son mystère.
J’ai encore dans mon sac Shibumi, commencé cet été, toujours imprégné de crème solaire et d’eau salée. Le papier a cette odeur d’ailleurs, comme si chaque page avait bronzé au soleil.
Shibumi, c’est l’élégance d’un homme qui ne pense plus. Il agit. Un assassin maître de lui-même, qui traverse le monde en silence (de Shanghaï à la côte Basque), comme si rien ne pouvait l’atteindre.
Mon sac est léger. Un t-shirt propre et un maillot accompagne ce bouquin.
Deux euros de plus pour la première classe.
Deux euros pour la solitude.
Un luxe minuscule, un pari risqué.
Parce qu’au retour, je sais déjà : je me retrouverai enfermé dans un carré, face à trois enfants qui braillent, une invention française qui devrait rejoindre le musée des absurdités. Comme les détecteurs automatiques de lumière qui s’éteignent en plein milieu de ta séance. Comme les QR codes au restaurant qui te privent du vrai menu.
Ces choses qu’on a créées pour simplifier, mais qui ne font que déranger.
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